Visite du château privé le plus cher au monde, à Louveciennes
Ce château hors du commun à 20 kilomètres de Paris, sorti de terre en 2011 après trois ans de travaux, viendrait de se vendre 275 millions d’euros, ce qui en ferait la demeure privée la plus chère au monde. L’identité du nouveau propriétaire reste mystérieuse. Visite guidée.
En 2008, Emad Khashoggi, riche homme d’affaires français né au Liban, tombe enfin, à Louveciennes, à un jet de pierre de Paris, sur le terrain dont il rêve : un parc de 23 hectares en bordure de forêt, avec un manoir en ruine. Via sa société, la Cogemad, spécialisée dans l’immobilier de très grand luxe, il achète la propriété et décide d’y construire un château dans le plus pur style du XVII e , en faisant travailler des entreprises labellisées «Entreprise du patrimoine vivant». «L’idée était de reprendre tous les éléments du passé, en y intégrant tout le confort moderne», confie Christelle Revol, directrice marketing et relations publiques de la Cogemad, en nous faisant admirer les parquets vieillis du château, aux motifs différents selon les pièces.
Terminé depuis quatre ans, le château est encore inhabité. Pour la Cogemad, qui a récemment rénové l’ancien appartement parisien de Pierre Balmain ou construit la réplique d’un palais vénitien à Cannes, «c’est une vitrine d’exception», poursuit Christelle Revol. Une vitrine qui aurait désormais un prix. Les réalisations de cette société se vendent en général 30.000 euros le mètre carré. Sachant que ce mini Versailles en compte 5.000 habitables, on pouvait imaginer qu’il coûterait autour de 150 millions d’euros. Erreur ! Il viendrait de trouver acquéreur pour 275 millions d’euros, ce qui en ferait la propriété privée la plus chère au monde. Le nouveau châtelain ? Encore inconnu. Les yeux se sont tournés vers les propriétaires qatariens du PSG, à la recherche d’un nouveau centre d’entrainement, mais ils démentent.
Trois ans seulement pour un projet monumental
Et maintenant, la visite guidée de ce château neuf hors du commun. «En 2008, il n’y avait qu’un gros trou, se souvient l’un des maîtres d’œuvre. On a fait en trois ans ce qui avait pris cinquante ans à Vaux-le-Vicomte. C’est vrai qu’avec le béton, la préparation va plus vite.» Mais si les bases sont en béton, le reste a été réalisé comme à l’époque. A l’image de la charpente, assemblée à l’ancienne avec un système de tenons et de mortaises, puis recouverte d’ardoises d’Angers. Ou de la façade, avec ses bas-reliefs sculptés à la main et ses pierres de Saint-Maximin. Ces carrières de l’Oise ont aussi servi pour les immeubles haussmanniens parisiens.
Des fresques inspirées des plafonds de Vaux-le-Vicomte
Au rez-de-chaussée du Château, l’étage des réceptions, plusieurs pièces possèdent des plafonds peints, comme le hall monumental ou, ici, la salle à manger. Ces fresques en trompe-l’œil, peintes en atelier, puis collées et marouflées, ont été inspirées des œuvres réalisées par Charles Le Brun pour le château de Vaux-le-Vicomte, et de différents décors du château de Versailles. Les plafonds, hauts de 5,2 mètres, cachent une climatisation totalement silencieuse. Ici, la technologie est partout, mais elle est invisible.
Un salon de méditation caché au fond des douves
Véritable prouesse technique, un petit salon a été aménagé au fond des douves du château, sous une bulle de verre. On y accède depuis la piscine et, une fois confortablement installé sur un canapé circulaire en cuir, on peut y contempler les poissons, dont plusieurs esturgeons, dans un incroyable aquarium géant. A proximité, à l’abri des douves, une pièce de 50 mètres carrés, fermée par deux lourdes portes blindées, a été transformée en véritable coffre-fort et un immense garage peut contenir huit véhicules…
Un étage entier consacré aux loisirs
Alors que le premier étage du château accueille un appartement de maître de 300 mètres carrés, avec quatre chambres, autant de salles de bains en marbre et un espace pour les invités d’une surface équivalente, le sous-sol, lui, est réservé aux loisirs. On y trouve une gigantesque piscine intérieure, avec bassin extérieur chauffé, dans lequel on peut sauter depuis la terrasse située trois mètres au-dessus. Mais aussi un terrain de squash, une salle de fitness, une véritable salle de cinéma de douze places et même une discothèque, avec son propre bar.
Une cave prête pour les crus d’exception
En construisant un bâtiment économe en énergie, le promoteur a eu le droit de bâtir plus de surface habitable que celle initialement autorisée par le plan local d’urbanisme. Le château est donc parfaitement isolé, avec des murs épais de 60 centimètres, où alternent béton, couche d’isolation, air et pierre. Sous l’entrée, à proximité d’une cuisine équipée de façon professionnelle, la cave voûtée peut contenir 3.000 bouteilles. C’est là que l’on trouve les seuls vestiges du manoir d’origine : des sculptures incrustées dans le mur.
Des statues dorées à la feuille
Dans les jardins à la française, une réplique aux deux tiers du bassin d’Apollon de Versailles, avec des statues dorées à la feuille par les artisans qui ont travaillé́ sur le dôme des Invalides, à Paris. L’entretien du jardin, qui abrite un labyrinthe de 2 kilomètres de long et de nombreuses statues en marbre de Carrare, mobilise dix jardiniers, deux fois par semaine. Jets d’eau et lumières sont pilotables depuis une appli sur smartphone.